Vous allez me dire “aaaah, de la route!! Vade retro bitumus”. Mais non, ne vous méprenez-pas. La route… recouverte de feuilles ou de neige, ce n’est que du bonheur.
Laissez moi vous conter comment le Couserans réserve au cycliste des immersions de très bon goût dans son relief… Tout commence par, “tiens, il fait beau demain! Et j’ai du temps devant moi!”. Ensuite, il n’y a plus qu’à pédaler!
La journée est annoncée belle. Il fait froid ce matin, petite gelée. Je pars vers 9h30, dans le brouillard humide, bien couvert. Ce n’est qu’à Cominac que je m’extraie de la soupe. Soleil qui réchauffe un peu et vue toujours aussi splendide avec les granges et la chaîne du Valier fraîchement enneigée. Je poursuis vers le col du Sarraillé, repassant dans l’humidité de la forêt. Mais la route parsemée de feuilles mortes est du plus bel effet. Descente sur Massat où je récupère un peu de soleil avant d’entamer la remontée vers le col d’Agnes. Il est indiqué fermé en bas, contrairement à son voisin le port de Lers. Je me dis que ça va sûrement le faire. Précaution excessive des services départementaux de la voirie.
Je monte, monte, monte. Le Trois-Seigneurs et le tuc de la Coume sont magnifiquement enneigés, plus haut le Béas aussi. Déversoir de l’étang de Lers, premières plaques de neige. Rapidement au-dessus, le chasse-neige a fait son œuvre et la route est une patinoire sur laquelle je monte péniblement, mais surement. Deux portions, en glace, m’obligent à descendre de la monture. J’aperçois le col, tout proche, et puis… le drame. Arrêt du chasse neige à 300m du col. Je m’avance un peu dans la neige légère… Ca va le faire ! Mais à pied. Qu’est-ce que c’est long à pied ! Mais quel bonheur d’avancer sur un terrain vierge. Col d’Agnes, vue extra, ambiance d’anthologie. Mais le meilleur reste à venir. Il y a 25cm de neige sur les bas-côtés, et une dizaine sur la route (le chasse neige est monté une fois il y a quelques jours). Descente… en pédalant. Agréable dans la neige légère, sportive quand plus bas elle devient transformée redurcie, impossible dans deux virages comme des vitres. Et puis, à nouveau les feuilles mortes sur le bitume. A fond les gamelles jusqu’à Aulus.
Avec l’élan, je remonte presque au col de la Trappe. Derrière, longue descente de la vallée d’Ustou, entièrement dans l’ombre. Ça caille ! A Seix, clignotant à gauche, direction la Core. Ca remonte… Le soleil finit par passer derrière les montagnes sur les derniers lacets, l’austérité s’installe, accompagnée de la fraîcheur. Le bidon d’eau est vide, les muscles ont soif, les barres céréales sont économisées (j’en retrouverai tout au fond du sac le soir !), l’estomac commence à crier famine. Col de la Core, pause rapide, deux étirements, veste coupe-vent que je ne quitterai plus, et en avant toute ! Ça fuse. Ça caille.
Castillon, une boulangerie ! Arrêt au stand. Pain au raisin, chocolat chaud. Je suis comme neuf ! Fond de vallée à fond les ballons jusqu’à Moulis, puis direction le col du Portech. Route étroite qui monte en variant les inclinaisons. La lumière décline. Au col, je rallume mes feux que j’avais pris soin d’économiser un peu. Courte descente dans un trou de froideur, puis remontée par le village d’Alos plongé dans la nuit, et le col de Catchaudegué qui n’arrive jamais. Je le voyais plus près !
Col de Catchaudegué, la nuit est fermement installée. La lune brille dans mon dos. Ambiance. Ultime descente vers Seix, pas trop vite car je ne tiens pas à m’embrocher un chevreuil (ça a failli être le cas le weekend précédent avec une boule de poil qui m’a traversé à 3 m alors que j’étais dans une descente rapide à VTT).
Maison, pédalier au point mort. Bonheur incommensurable de la douche chaude.
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